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Les FOURCAND d'Haïti:
leurs racines médoquines et bordelaises
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Andrée-Luce Fourcand
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Première partie L??uvre de chair accomplie initialement par Nicolas
FOURCAN [1]
et Jeanne SEGUIN [2], son épouse, a façonné un lignage serti à la fois de racines
médoquines, bordelaises, dominguoises et haïtiennes.
Du haut de l?infiniment grand, logés dans la constellation
de la Croix du Sud, le patriarche et sa conjointe, le fils et petit-fils et
leur tendre moitié respective, en l?occurrence Pierre et Pétronille CONSTANTIN,
Léonard et Marie GUIGNAN, goûtaient avec délectation le succès remporté par
Bernard et Guillaume à la «Grande Isle». Nouvelle adresse : Jérémie à Saint-Domingue Ces frères de sang, distinctivement quatrième et cinquième
fils du couple FOURCAN / GUIGNAN, bordelais de naissance, charpentiers de navires
de profession, officiers mariniers, accédèrent à la position sociale la plus
enviée par les colons d?origine modeste : celle d?Habitant «en les Isles
et Costes de Saint-Domingue». Sur la place publique de la ville Jérémie, dans
les hauteurs de leurs caféières, dans les documents administratifs, ils étaient
salués, désignés sous le terme révérencieux de Sieur. Leur industrie aidant,
la providence veillant, dame fortune influente et le reste confié à l?expression
« Au Hasard?. Balthazar! », nos deux compères vécurent pleinement le «american dream »
de l?époque. C?était le XVIIIe siècle, au temps des îles à sucre.
Le cénacle FOURCAN (D) et familles alliées virent
aussi naître et grandir leur progéniture créole. Le 14 février 1786, un mardi
après-midi, Guillaume FOURCAND [3]
et Marianne GOUJON (BOCCALIN)[4] «se prennent pour époux par foy et loy de mariage.», en
la présence éthérée de Saint-Valentin, qui, à l?instar du curé Bouzenal, Jean-Baptiste
de son prénom, exultait. C?est que voyez-vous, ces deux brebis vivaient «en
société» depuis belle lurette et avaient brodé, entre 1764 et 1779, sept valentins
et valentines. Quelques mois après la cérémonie du mariage, un ange gazouillait
sous les combles de la grande case. Signe, s?il en était un, que le ciel effaçait
le péché de paillardise. Ce dernier accouchement rendait paritaire les naissances
masculines et féminines.
La descendance de Bernard se présente « par la
fesse droite et la fesse gauche ».
Il avait « marabouté » une dame dont nous
ne connaissons pas encore l?identité, ni vraiment la couleur de son épiderme.
Mais tout porte à croire qu?elle était soit négresse, mulâtresse, quarteronne
ou tierceronne. Entre 1765 et 1771, la belle inconnue le gratifia d?un enfant
naturel prénommé Pierril.[5] Ce fils illégitime aux yeux de la société était légitime
au c?ur de Bernard. Fils et père entretenaient des liens affectueux et vivaient
en bonne intelligence. Sur le plan matériel, tant du vivant qu?au décès de son
père, Pierril n?eut jamais à souffrir de ce statut de naissance. Une clause
du testament olographe de Bernard se lit ainsi : « pour les peines
et soins, je donne à Pierril le tiers des revenus de l?habitation, mon cheval
nommé Bride d?Or, une armoire à Célestine, fille de Pierril. » En
tant qu?exécuteur testamentaire, il liquida la succession de feu son père. [6]
De son mariage avec Marie-Anne LE TACQ, dont il fut
le second époux, deux filles s?éveillèrent à la vie. L?aînée naissait en 1770. Saint-Domingue, farouche et enivrante Quand, vers le milieu du XVIIIe siècle,
Bernard et Guillaume arrêtèrent leur projet de s?établir outre-Atlantique, ils
savaient qu?ils devraient composer avec le principal trait de caractère de cette
contrée : la perpétuelle agitation socio - politique. Au siècle précédent,
à l?île de la Tortue, flibustiers et boucaniers n?obéissaient qu?à la loi de
leur horde. Il a fallu tout le savoir-faire de Bertrand d?Ogeron[7] pour inculquer à ces aventuriers les préceptes d?une vie,
dirions-nous aujourd?hui, civique. Durant les premières décennies du siècle
subséquent, la « côte ferme » avait été secouée à intervalles
réguliers par différents événements : soulèvements de nègres marrons, complots
d?empoisonnement pour éliminer les blancs de la colonie (dès 1726, puis le plus
célèbre : l?affaire Makandal en 1757), révoltes blanches contre le despotisme
militaire (la plus notoire étant celle de 1768 ? 1769 : rétablissement
autoritaire des milices par le gouverneur prince de Rohan ; la plus ancienne
remontant à 1670), réclamations récurrentes des colons contre le régime de l?Exclusif,
tentatives inlassables de colons planteurs à prôner l?affranchissement et l?autonomie
de Saint-Domingue de la Couronne de France.
Ces faits n?incommodèrent pas outre-mesure Bernard
et Guillaume. Ils les percevaient tout au plus comme de simples tracas qui jetaient
une légère ombre sur leur ambition. Ils ne se doutaient pas encore que cela
rimerait un jour avec fracas! En 1789 le glas sonnera pour Saint-Domingue.
Durant trente ans, soit de 1759 à 1789, il leur fut
loisible de mener à bien leurs différentes entreprises. A partir de la date
charnière, il leur restait une dizaine d?années à vivre. Ils furent happés par
l?ouragan révolutionnaire. Ils fermèrent alors les yeux sur une image apocalyptique.
Deux révolutions se développaient côte à côte, celle
d?origine française et celle qui sourdait lentement sur l?île. Une kyrielle
de crises politiques se succédaient en rafales : luttes incessantes entre
révolutionnaires et contre-révolutionnaires, Insurrection générale des esclaves
dans la plaine du Nord (1791), reconnaissance des droits civiques de la classe
des Affranchis noirs et de couleur (affaire des citoyens du 4 avril 1792), liberté
générale accordée aux esclaves (1793), l?occupation britannique de quelques
quartiers du territoire, dont entre autres Jérémie (1793 ? 1798, l?Appel aux
Anglais). Incendies, pillages des habitations et les batailles par monts et
par vaux se comptaient par centaines.
Bref, l?opulente Saint-Domingue, n?offrait plus qu?un
spectacle de désolation. Cette fois-ci, les frères FOURCAND, au vu de cette
conjoncture, appréhendèrent fort bien le sort ultérieur qui serait dévolu à
cette colonie. Sur un plan plus personnel, quel constat affligeant : le
produit de trente ans de labeur soufflé comme un fétu de paille!
Ils avaient bien mérité de la patrie? céleste! Bernard
FOURCAND, né le 21 février 1731, [8] se présenta à Saint-Pierre, en octobre 1800. Son
frère Guillaume, né le 14 mai 1732,[9] entra dans le profond sommeil en mai 1802. Ils quittèrent
donc leur terre nourricière, leur terre d?affection avec de vives et tenaces
inquiétudes. A la vue de ces âmes tourmentées, chargées de soucis terrestres,
enrobées d?une fine couche de peau, à l?aura grisâtre, le gardien de l?éden
« en vertu des pouvoirs à lui conférés », les invita à effectuer un
séjour plus ou moins long dans la chambre de décantation des âmes. Dans cette
antichambre du paradis, des thérapeutes ailés, des personnages auréolés s?activaient
à purger celles qui avaient péniblement rejoint l?état d?apesanteur. La mise
en quarantaine achevée, d?un air serein, ils regagnèrent leur clan.
Il est évident que le patrimoine des FOURCAND subit
une perte sèche et nette, sans toutefois les réduire à « marcher une main
devant, une main derrière ». Contre vents et marées, le souffle de vie
garda sa vigueur, à tel point qu?un loustic y regardant de plus près pourrait
s?exclamer : « Hé, hé! L?arbre généalogique prend les formes d?un
banian! ». Pierril, le maillon de la chaîne La pérennité du patronyme FOURCAND en Haïti revient
incontestablement à Pierril, enfant naturel, certes, de sang mêlé, assurément.
Et fort heureusement d?ailleurs! Car à partir de 1791 il était de mauvais ton
d?avoir le teint blanc! Encore plus en 1804. Selon toute probabilité, Pierril
n?aurait pas survécu au Massacre général des Blancs décrété par Jean-Jacques
Dessalines, Général en chef de l?armée indigène.
Il épousa en premières noces une dame BETOUZET[10] (famille mulâtresse de Jérémie), d?où Célestine, Léonard,
Bernard. De son second mariage avec une dame dont le nom nous demeure énigmatique
naquirent trois enfants de sexe masculin : Etienne,[11] Camille, Marcelin. Camille, de son union avec Clarice
CLERGEAU, chérit Pierre-Etienne-Léo.[12] Ce dernier, né en 1823 unit sa destinée en 1850 avec Adelice
PICARD Ils mirent au monde quatre enfants, dont Alexandre-Duvinston-Camille[13], Dérivaille, Arthur, Clergine.
Alexandre-Duvinston-Camille[14] et Arthur[15]
forment le tronc principal d?une descendance bicéphale qui, d?Haïti s?est étendue
aux États-Unis (Miami, Texas, Boston, New York), au Mexique et au Canada (Québec).
Le monde terrestre se déroba sous les pieds de Pierril
le 22 décembre 1841,[16] soit un mercredi. Le dimanche précédent, chevauchant Bride
d?Or III, il mit pied, au-devant du jour, dans la grande cour de l?habitation
familiale juchée dans les cimes du quartier de la Voldrogue. En décembre 1800,
il avait aménagé à l?arrière de la demeure principale un jardin d?agrément en
la mémoire de Bernard. Sous le mapou-guinée, était enfouie une cassette contenant
quelques objets personnels de son père. Cet arbre était entouré d?abricotiers
et de caféiers. Des fougères sauvages tapissaient le sol. Ce matin-là, la nature
lui offrit pour une énième fois un mirifique spectacle. La brume blafarde cajolait
les abricots et les grappes de fèves rouges de sa douce humidité. Les premiers
rayons du soleil se chamaillaient avec elle dans un splendide jeu d?ombre et
de lumière. Ébloui, transfiguré même, Pierril tendit ses mains vers les baies
prometteuses, les soupesa sensuellement, yeux mi-clos. Il se remémora toutes
les histoires que son père lui avait contées. Et soudainement, lui apparut,
le spectre de son trisaïeul Nicolas. Lui aussi, homme de la terre, imagina-t-il,
avait dû poser ces gestes, près de deux cents ans auparavant, là-bas, au-delà
de l?Atlantique, en Médoc. En Médoc, Listrac En l?an de grâce, mil six cent quatre vingt sept,
au quinzième jour du mois d?avril, en la journée du mardi, Nicolas, après avoir
ouï religieusement l?Angélus matinal sonné par la cloche de l?église de Saint-Martin
de Listrac, attela deux b?ufs à son chariot et prit la direction du Château
de Castelnau-en-Médoc. Tout au long du parcours, il contempla, à sa droite et
à sa gauche l?alignement infini des ceps coiffés d?une foliation touffue que
léchait la rosée et qu?une fine brise chatouillait. Il tressaillit. Il se frotta
vigoureusement les avant-bras et les mains tout en spéculant sur les pièces
sonnantes et trébuchantes qui tomberaient dans son escarcelle. Cet homme, laboureur
de métier, propriétaire et locataire de terres, jaugeait d?un ?il averti le
rendement potentiel des prochaines vendanges tant en termes de quantité / qualité,
coûts de revient, profits dégagés ou du moins déficits contrôlés. Dans le grand
livre d?En-Haut, il était inscrit à la colonne des crédits qu?il disposait de
vingt quatre autres années pour continuer à faire fructifier ses talents. Que
de nombreux matins, en perspective, à se lever dès potron-minet! Pour l?heure,
il allait quérir auprès du premier secrétaire du châtelain un parchemin tant
escompté.
Le maître de céans avait apposé son seing à l?esporle[17]
consentie par Nicolas FOURCAN. En clair, une esporle ou « accapte »
est une redevance seigneuriale minime due par un tenancier de fief. Pour qu?il
y ait esporle, il faut qu?un seigneur (en l?occurrence Monseigneur Henry François
de Foix de Candale, famille issue des Foix-Bearn qui sont en fait des Grailly,
famille du fameux captal de Buch, grand chef de guerre du parti anglo-gascon
au XIVe siècle, au temps du Prince Noir et d?une demoiselle de La
Pole Suffolk, comtesse de Kendall) donne un fief à un tenancier (en l?occurrence
N. FOURCAN).
Ce document de sept pages, à la calligraphie fine
et serrée, rédigée d?un seul trait, dépourvu de paragraphes, d?alinéas de signes
de ponctuation et pourvu à profusion de pattes de mouche nous fait perdre,
non seulement notre latin, selon la formule consacrée, mais aussi notre français
et?notre créole! Cette écriture à la diable nous prive
du plaisir de déterminer avec précision l?emplacement physique de la terre « en
tenure ». Nous sommes seulement en mesure de vous révéler les quelques
éléments suivants. En 1675,
Nicolas habitait au lieu de Soubiran, [Soubeyron], paroisse d?Avensan. En 1687,
il agissait de concert avec son épouse : « ont été présents en leurs
personnes nicolas fourcan laboureur procédant tant en son nom que comme mary
de jeanne seguin et Eiguilhem fontaneau brassier. » Ils sont :
« habitants du village duvignau paroisse de Listrac. » Il est
du genre entreprenant et est « possessionné » : « faizant
le dit fourcan pour luy et autres consorts [dont Jean Casting] lesquels
de leur bon gres et volontes ont confessé avoir la terre en fief. »
Pierre, leur fils, âgé de vingt deux ans, applaudissait
à l?heureux dénouement. Le 27 mars 1693, Jeanne sera enlevée à l?affection des
siens.[18] Avant de partir, le 1er mars 1711,[19] vers la destination finale, Nicolas aura l?opportunité
de s?abandonner aux joies d?être grand-père. En effet, entre 1696 et 1704, Pétronille
CONSTANTIN, l?épouse de Pierre, mit au monde : Élisabeth,[20] née le 5 mars 1696, dont Nicolas fut le parrain, Léonard,
né vers la fin de 1696, début de 1697, Jean baptisé le 12 août 1704[21] et Bernard né vers 1704.[22]
Le 27 février 1711, Pierre FOURCAN,[23] passa l?arme à gauche. Jean CONSTANTIN,[24] fut chargé de gérer les biens de son neveu. En 1721, Léonard
acquit la pleine capacité d?exercer ses droits. Son tuteur lui présenta donc
le rapport de gestion, qui selon ses prétentions, reflétaient
la véracité comptable, à un denier près. Bordeaux -Léonard le charpentier et Marie, son épouse Entre-temps, Léonard s?était installé dans le quartier
Saint-Michel à Bordeaux pour y apprendre le métier de charpentier de navires.
Au courant de l?année 1724, il courtisa une jeune fille de quatorze ans sa cadette,
répondant au nom de Marie GUIGNAN. Les « concordailles » allèrent
bon train, si bien que les deux planifièrent les épousailles. Le 7 janvier 1725,
ils se rendirent au cabinet de Me François Brun, notaire à Bordeaux[25] pour officialiser leur promesse de se prendre l?un et
l?autre pour mari et femme. La cérémonie du mariage[26] eut lieu le 28 octobre suivant, en l?église Saint-Michel,
en présence d?Antoine GUIGNAN, père de la mariée, Christophe BERNEDE, couvreur,
Jean GUERIN, cordelier.
Entre 1727 et 1742, le ventre de Marie s?arrondit
dix fois. Accouchements et relevailles se succédèrent à un rythme régulier.
Tous les enfants, à savoir huit garçons et deux filles virent la lumière du
jour en la paroisse Saint-Michel et tous furent portés sur les fonds baptismaux
de l?église Sainte-Croix.
Au cours de l?année 1731, soucieux d?améliorer le
quotidien de sa famille et de créer un revenu d?appoint par l?établissement
d?une échoppe de cordage, Léonard décida de se départir de quelques biens immobiliers
sis au mayne de Sémeillan, paroisse de Listrac.[27]
Et le ciel lui tomba sur la tête!
Un jour de décembre de ladite année, des coups violemment
frappés au heurtoir de la porte de sa demeure le tirèrent de la chaleur du lit
conjugal. Au septième coup, il ouvrit. Son regard rencontra celui d?un huissier;
Après les formalités d?usage, il remit à son interlocuteur un bref d?assignation
de la cour civile. Il avait sous les yeux un avis d?opposition aux ventes récemment
conclues. La partie demanderesse n?était nulle autre que Messire Léonard Antoine
d?Essenault, baron d?Issan, Cadillac, marquis de Castelnau en Médoc et autres
lieux, conseiller du roi en la cour et parlement de Bordeaux.
L?interpellé en justice découvrit ainsi la forfaiture
de son oncle. Jean CONSTANTIN, du temps qu?il assumait la tutelle, soit de
1711 à 1721, avait omis de verser les rentes annuelles au dit aristocrate. Par
conséquent les biens de Léonard étaient grevés de redevances seigneuriales de
toutes sortes. Il s?en suivit un procès qui perdura jusqu?en 1739. La cour
de dernière instance retint Léonard comme principal débiteur car il avait accepté
la reddition des comptes tel que soumis par le beau-frère de son défunt père.
Elle lui enjoignit de respecter intégralement les conditions énumérées dans
l?esporle de 1687. Il devait donc verser dix fois 7 sols, 6 deniers pour la
rente en argent, 90 livres pour vin sur pied de vigne, 435 livres pour le vin
en tonneau. Elle lui ordonna de payer toutes les dépenses judiciaires encourues
par les deux parties.
Léonard franchit pour la dernière fois le seuil de
son foyer le 11 février 1744.[28] Il avait vécu 48 ans, soit deux années de plus que son
père. Marie lui survécut de 44 ans. Elle décéda le 15 décembre 1788, paroisse
Saint-Michel, rue Nérigean, à l?âge de 78 ans.[29]
A près de dix-neuf années de vie maritale, Marie âgée
alors de 34 ans se retrouvait en charge d?une famille réduite à huit enfants,
sept garçons et une fille.[30] André[31], le fils aîné avait 17 ans et Bernard,[32] le tout dernier buvait à la mamelle. Inutile de préciser
que la veuve ne disposait pas de temps pour spéculer sur les motifs de la mort
prématurée de sa douce moitié. Nous ignorons s?il s?était formé un conseil
de famille au 6 rue Nérigean pour fixer le destin de la veuve et de sa progéniture.
Nous ne savons pas si elle possédait des avoirs en propre. De toute évidence,
un autre petit tour aux Archives départementales de la Gironde serait de mise!
La famille FOURCAND d?Haïti se rattache à la branche
de Listrac, une ville située à 40km de Bordeaux. Certains indices laissent
à penser que cette dernière serait issue de celle originaire de la commune de
Carcans. Le Médoc est la région qui a vu naître les FOURCAN. Le D qui suit le
N correspond tout simplement à une fioriture de la calligraphie d?époque.
RÉFÉRENCES Qu?il nous soit permis de rendre hommage à Noé Camille
Fourcand, fils, qui fut le premier à s?intéresser à l?histoire familiale.
Nous lui devons notre passion pour la généalogie. Notre mentor s?est envolé
vers «le pays des sans chapeaux» le 19 mai 2002, à l?âge de 92 ans. Seule,
la mort l?a séparé de son Haïti Chérie. Nous n?aurions garde d?oublier d?exprimer
une pensée reconnaissante et personnelle envers celles et ceux qui, au fil
des années, n?ont eu de cesse d?alimenter notre quête généalogique. Nous citons :
Madame Evelyne Picot-Bermond, Madame Florence Caillaud, Monsieur Jean-Claude
Ricard,
(tous
de Bordeaux), Messieurs Serge Fourcand (de Montréal), Irving Fourcand (de
Miami), Jim McLoughlin, (Texas), un descendant Fourcand par une des petites-filles
du couple G. FOURCAND et de Marianne BOCCALIN (GOUJON) et Didier Gilles (d?Haïti).
[1] Registre paroissial de Saint-Martin de Listrac- Mairie
de Listrac. Naissances-Mariages-décès 1705-1725 CG1 / 1703-1704-1705-1706-1707.
L?acte décès se lit ainsi : « Le 2 Mars 1711 a ésté enterré nicolas fourcan
agé de quatre ving ans estant decedé le jour de hyer.» Felloneau curé de listrac.
[2] AD Gironde. 4E 3331. Registre paroissial de Saint-Martin de Listrac,
« Jeanne Séguin femme de Nicolas Fourcan âgée de cinquante huit ans est décédée
le vingt septième mars 1693 et ensevelie le vingt huitième du
susd. mois et munie des sacrements par moi». Communication
aimable de madame Florence Caillaud,
En guise de preuve d?union de ce couple, la copie d?esporle
(une des pièces du sac à procès AD Gironde n° 7429) est on ne peut plus explicite : «Copie d?esporle
consentie par Nicolas fourcan laboureur tant en son nom que comme Mary de
Jeanne Seguin et Eiguilhem fontanau brassier en faveur de Monseigneur de foix
de Candalle duc de Raudan de Candalle pair de France, le 15 avril 1687.».
Communication aimable de monsieur Jean-Claude
Ricard.
[Le 30 septembre 1998, nous
recevions à Montréal, une enveloppe contenant les photocopies de trois documents :
Copie de l?esporle, deux pièces de procédure. Celles du 15 janvier 1737 et
du 7 mars 1739 où entre autres choses, la parenté entre Nicolas FOURCAN, Pierre
FOURCAN et Léonard FOURCAN est clairement précisée. Léonard a bien deux frères :
Jean et Bernard.
[3] Contrat de mariage
de Guillaume Fourcand et de Marianne Goujon. Notaire Veyrier. AFOM.
DPPC NOT SDOM (1708). Années 1782-1786. Acte de mariage :
Etat civil : table décennale ? St-Domingue 1709-1803- 1778-1790-Acte
M Fol 7
[4] Marianne (Marie-Anne) Goujon (Boccalin). Libellé du contrat
de mariage : «Demoiselle Marianne fille naturelle de demoiselle Goujon
décédée épouse de feu sieur Pierre Aleaume natif de Normandie. La ditte Demoiselle
Marianne née le deux août 1746 suivant son extrait de baptême en datte du
onze septembre suivant. » Libellé de l?acte de mariage : « demoiselle
Marie-Anne Boccalin, domiciliée et résidente en cette ville de Jérémie, fille
majeure et naturelle de père sieur Jacques Boccalin et mère Demoiselle Elisabeth
Charlotte Gougeon de cette paroisse.» Libellé du testament (27 janvier 1810) :
«je
m?appelle Marianne Goujon native de Jérémie quartier de St-Domingue, veuve
de Guillaume Fourcant.» Notaire public : Michel de Armas. Nouvelle-Orléans.
Elle est décédée dans cette ville, le 29 janvier 1810. Répertoire BMS archidiocèse
de la Nouvelle-Orléans, volume 10, 1810-1812, p.208.
[5] Pour déterminer l?année approximative de naissance de
Pierril nous mettons en juxtaposition deux actes relevés émanant des Archives
Nationales d?Haïti. ? Etat civil - Jérémie- Mariages ? 1825 / «16 septembre
1825, Mariage de Jupiter Aury, habitant à la Guinaudée et de Eulalie Aury,
natifs d?Afrique, les Fourcand, amis des mariés sont témoins [aucun lien de
parenté] : Pierril FOURCAND, 60 ans, Benjamin Fourcand, 50 ans environ,
Étienne Fourcand 20 ans.»
Archives Nationales d?Haïti ? Etat civil - Jérémie-
Décès ?-1841 off. Charles Gingin. «par devant Charles Gingin , se présentent
les citoyens Etienne Fourcand, juge suppléant au tribunal de Jérémie, et
Hernest Dandressol, ils annoncent le décès de Pierril FOURCAND survenu le
22 Décembre 1841,à l'âge de 70 ans.» L'officier et les témoins signent.
[6] Actes légaux de la famille Fourcand - Archives personnelles
de Serge Fourcand. 1. Pièce 4[25]
13 Vendémiaire
An 9 (1800-1801) (5 octobre 1800)
de la République
Française. Bordereau donné par Pierril Fourcand comme exécuteur testamentaire
de Bernard Fourcand. 2. Pièce 6[26] 20 Vendémiaire An 9 (1800-1801) de la
République Française (12 octobre 1800) Rapport de gestion de la succession
de Bernard Fourcand par Pierril Fourcand.
[7] Natif de Rochefort-sur-Loire. Gouverneur de 1664 à 1674.
[8] A.M. Bx GG 249 n° 1370.
Acte de décès non retracé.
[9]
A.M. Bx GG 249.1985. Acte de décès non retracé. Selon
les démarches entreprises par Marianne Boccalin, tout indique que Guillaume
est décédé au cours du printemps 1802. Actes légaux de la famille Fourcand
- Archives personnelles de Serge Fourcand. 1. Pièce [29] 25 Floréal, An 10
(1801-1802) de la République Française (15 mai 1802). Requête judiciaire
de Marianne Boccalin, veuve Guillaume Fourcand, concernant le régime matrimonial
du couple. 2. Pièce 8 [30] 25 Floréal, An 10 (1801-1802) de la République
Française (15 mai 1802) Estimation des biens de veuve FOURCAND sur le canton
de la Guinaudée.
[10]
Un Germain BÉTOUZET, du quartier du Grand Goâve est inscrit en 1793 sur
la liste des Habitants de Saint-Domingue qui, conformément à la loi du mois
d?août, relative aux biens que possèdent les émigrés dans les colonies, ont
fait passer, avant la loi du 20 décembre, au Ministre de la Marine, leur certificat
de résidence, dans le territoire de la République. A Paris, de l?imprimeur
patriotique et républicain. Rue St-Honoré, No 355, vis-à-vis de l?Assomption.
Document de 37 pages. Production Mormon, Paris 1974- Cote G1. Salle Gagnon.
Bibliothèque centrale de Montréal.
[11] Archives Nationales d?Haïti ? Etat civil - Jérémie- Décès ?1845
- 30 octobre. «Jean-Baptiste Villedrouin déclare le décès survenu le 30 octobre
1845 de : Étienne FOURCAND, 38 ans, fils légitime de feu Pierril Fourcand
et de son épouse. » Voir renvoi n° 5. [Sans la distraction de l?officier
d?état civil, nous aurions pu connaître le nom de l?épouse].
[12] Archives Nationales d?Haïti ? Etat civil - Jérémie- Décès - 1901
/ «Témoins : Duvingston Camille FOURCAND et Aristhomène Magloire déclarent
le décès de Pierre Etienne Léo FOURCAND, leur père et ami, âgé de 78 ans fils
légitime de Camille FOURCAND et de Clarice CLERGEAU.»
[13]
Archives Nationales d?Haïti ? Etat civil - Jérémie-
Naissances ? 1851 / acte # 19 (déclaration du 16 janvier
) : «Léo FOURCAN et la demoiselle Adélice Picard, majeurs déclarent
la naissance survenue le 10 Septembre 1850 à 10hres du matin de Alexandre,
issu de leur union naturelle. Les témoins sont : François MAUREAU et
Jean PAUL. Le parrain est Alexandre DĒPAS et la marraine Anriette CASIMIR.Signatures :
LF MOREAU, Léo FOURCAN, LĒPINE (officier) et J PAUL.»
[14] Archives Nationales d?Haïti ? Etat civil - Jérémie- Mariages
- 1889 / Page 69, acte # 35, mercredi le 28 août 1889, «Alexandre
Duvinston FOURCAND, né à Jérémie le 10 septembre 1850 [fils légitimé du citoyen
Léo FOUCAN artisan, et de Mme née Adélice PICARD, domiciliés à Jérémie]; épouse
Marie Madeleine Clorinde DĒVILLE née le 31 août 1863, fille légitimée
de Clerville Déville et de Mme née Eloïse Despagne. »
[ax : Euphrozine Austère, cx : Laurevana Nozéa en
date du 29 mars 1900].
[15] Archives Nationales d?Haïti ? Etat civil - Jérémie- Décès -
en 1913 / «Richelieu Étienne (mécanicien) et Morace Sylla tailleur, déclarent
le décès de Joseph Arthur FOURCAND survenu le 16 juin 1914 à 51 ans, arpenteur
public, fils légitime des époux Léo FOURCAND, dcds.» Il avait épousé Marie
Madeleine Julie EUSTACHE, qui elle décéda le 5 mai 1913. Nous n?avons pas
retrouvé l?acte de mariage. A cet effet, nous transcrivons une note rédigée
le 22 décembre 2000 par Didier Gilles : «je suis resté le 2 décembre
jusqu?à 17 heures aux archives, espérant trouver le mariage de Arthur et de
Julia Eustache, et rien, ils se sont mariés entre 1885 et 1886 car les registres
de mariages s?arrêtent à 1855. Ensuite on a 1884, 86-87, 88?etc.» Par contre,
il a relevé l?acte de naissance de Pierril FOURCAND. Archives Nationales d?Haïti
? Etat civil - Jérémie- Naissances-1890 / Acte 112 / « Arthur FOURCAND,
secrétaire au bureau commercial de la ville déclare que le 17 janvier lui
est né de son épouse légitime Julia EUSTACHE, Jean Pierril. Les témoins sont
Duvingston FOURCAND, charpentier et Aristide AZOR, cordonnier. Le parrain
est I CUVIER et la marraine Elia AZOR. »
[16] Archives Nationales d?Haïti ? Etat civil - Jérémie- Décès ?-1841
off. Charles Gingin. «par devant Charles Gingin , se présentent les citoyens
Etienne Fourcand, juge suppléant au tribunal de Jérémie, et Hernest
Dandressol, ils annoncent le décès de Pierril FOURCAND survenu le 22
Décembre 1841,à l'âge de 70 ans.» L'officier et les témoins signent.
[17] Voir renvoi n° 2.
Précision apportée par monsieur Jacques de CAUNA.
[20]
AD Gironde. 4E 3331. Registre paroissial
de Saint-Martin de Listrac. Le vicaire de Listrac, le père Lapie a noté :
«Le sixieme du mois de mars de lannee 1696 a esté baptisé élizabet fourcan
fille naturelle et légitime de pey fourcan et de peyronne constantin estant
née le jour d?hier, a esté parrain nicolas fourcan et marraine elizabeth roux
en présence de pey fourcan et de mathieu roux.» Pierre fourcan signe. Communication
aimable de madame Florence Caillaud.
[21] Registre paroissial de Saint-Martin de Listrac- Mairie
de Listrac. Naissances-Mariages-décès 1705-1725 CG1 / 1703-1704-1705-1706-1707.
Le libellé de l?acte est obstrué en plein centre par un sceau administratif
rendant approximative la lecture : «Le 12 aout a esté ?..oinisciesme?jean
fourcan fils naturel et légitime ?.pey fourcan et de peyronne constantin?
le parrain sieur Jean Delille?royal et marraine marie Eyqem.»
[22]
A.M. Bx GG 503 no 845.
« l?an mil sept cent soixante onze le vingt
huit février Bernard fourcand charpentier de vaisseaux époux de jeanne Saugon
agé de soixante sept ans est décédé Rue nerigean après avoir reçu les sacrements
en présence de Bernard [?] et Raymond Lafitte qui ont déclaré ne scavoir signer.»
Communication aimable de madame Evelyne Picot-Bermond.
[23] Registre paroissial de Saint-Martin de Listrac- Mairie
de Listrac. Naissances-Mariages-décès 1705-1725 CG1 / 1703-1704-1705-1706-1707.
« Le 28 février 1711 a esté enterré dans le cimetière
de listrac pierre fourcan agé de quarante six soulaman estant décédé le jour
de hyer au village de Semilgan felloneau curé de listrac.»
[24]
A.D. Gironde. n° 7429. Une des pièces du sac à procès, datée du 7 mars 1739
où nous retrouvons la mention suivante : «Jean CONSTANTIN laboureur habitant
en la paroisse de Soussans.» Communication aimable de monsieur Jean-Claude
Ricard.
[25]
A.D. Gironde. 3 E 23025. Malheureusement, il a disparu des minutes du notaire. Communication
aimable de monsieur Jean-Claude Ricard.
[26]
A.M. Bx GG 481 no 1092. «Le 28 octobre 1725 après
la cérémonie des fiançailles et les trois publications du futur mariage faites
pendant trois dimanches ou festes consécutives entre léonard fourcan charpentier
de vaisseau & marie guignan sans opposition leur ay imparti la bénédiction
nuptiale en présence dantoine guignan père de l?épouse, christophe bernedé
couvreur, Jean Guérin cordier et pierre braupat qui ont déclaré ne scavoir
signer.» Communication aimable de madame Evelyne Picot-Bermond.
[27] A.D. Gironde 3 E 20835. Minutes de Me Jean ESCOT, notaire à Castelnau de Médoc- année 1731.
[28]
. A.M. Bx GG 489 no 1267. «
le deuxième du dit le corps de Léonard fourcand époux de marie guignan agé
de quarante huit ans décédé d?hier après avoir recu les sacrements dans la
rue des capucins a été enseveli dans l?église en présence de guillaume nerac
et de françois bernard qui n?ont sceu signer.» Batanchon, vicaire. Communication
aimable de Madame Evelyne Picot-Bermond.
[29] A.M. Bx GG 516 no 652.
[30]
En 1730 et en 1742, le couple enterrait Jean, le troisième fils, né le
21 janvier 1730, baptisé le lendemain (A.M; Bx GG 249 n°760) et décédé le
28 du même mois(A.M; Bx GG 482 n° 420) et Rose, la
deuxième fille, née le 14 décembre 1735, baptisée le lendemain (A.M. Bx GG
250 n° 1381) et décédée le 9 mai 1742 (A.M.Bx GG 489 n° 598).
[31] Né le 6 mai 1727,
baptisé le 7 mai 1727. (A.M. Bx GG 247 n° 1947).
[32] Né et baptisé le
17 juillet 1742. (A.M. Bx GG 253 n° 600).
Note complémentaire La famille FOURCAND décrite ci-dessus n?a aucun lien avec la famille FOURCAND, originaire du Rouergue dont est issu Emile FOURCAND, maire de Bordeaux en 1870
Andrée-Luce FOURCAND acceptera chaleureusement tout ce qui pourra apporter quelque complément à sa saga familiale. Crédits Crédit photographique : Église de Listrac, Moulin à Listrac ? Anne Falligan Devergne
Crédit Illustrations : Histoire d?Haïti (tome 1), Thomas Madiou ? Esclaves et Négriers, Jean Meyer ? Historia Thématique, no 80 Novembre-décembre 2002. Note de la rédaction NDLR :
Cet article a été publié, en décembre de l?année 2002, dans le Bulletin de liaison
du Centre de Généalogie du Sud-Ouest. Une association fondée en 1970 qui a pignon
sur rue au 1, Place Bardineau-33000 Bordeaux. Nous remercions madame Monique
Lambert, membre du Conseil et du Comité du Bulletin, d?avoir donné son aval
à la reproduction de cet article.
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