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Les Registres de l'État Civil de Jérémie aux Archives Nationales d'Haïti
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Didier Gilles
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Les registres d'État civil de la commune de Jérémie1
sont malheureusement peu nombreux, contrairement à ceux de Port-au-Prince.
Ils souffrent, à l'instar de ces derniers, de l'outrage du temps :
pages illisibles, registres réduits en poussière et aussi de l'indifférence
sociale : années non répertoriées, série incomplète.
Autant de contrariétés entravant les démarches du chercheur.
Le plus ancien registre de Jérémie est un registre de mariage contenant
les années 1825-26-27-28. Aucune trace de registre pour la période
post-Indépendance (Dessalines, Pétion ) .
Cet article se limitera aux années 1825-1855 2.
Les registres sont tantôt rédigés par les membres du Conseil
des Notables ou tantôt par le maire de la Commune ( et ses adjoints).
Dans l'ordre de leur succession suivent les officiers : Jean CAZEAU, Jean-Baptiste
DUMON, Pierre MONTÈS, Jean-Marie DUBOIS, Charles GINGIN, Étienne
Léo PARET, Honoré FÉRY, Gaston MARGRON fils, François
BALMIR, Edvin LÉPINE, Durin MÈGE, Valmé LIZAIRE, Jean OCCENAD,
Joseph ROBLIN, LÉLOND Aîné, Étienne LÉANDRE.
Inutile de préciser que la quantité
de renseignements que les chercheurs pourraient puiser de ces registres est
tout à fait extraordinaire ! On n'a pas seulement les actes eux-mêmes
avec les noms, les dates... qui sont de première importance pour les
études généalogiques, mais on retrouve aussi des informations,
des données inédites qui feront à coup sûr les joies
du simple chercheur, de l'historien et même du sociologue. On pourra ainsi
avoir une idée sur l'importante communauté étrangère
vivant à Jérémie, sur les activités des négociants
consignataires ou encore sur leurs Grâces Messieurs les nobles de SOULOUQUE...
Cette abondance de renseignements de première main attend donc d'être
sérieusement traitée. Chercheurs, généalogistes
de métier, historiens originaires de Jérémie.....à
vos marques !!! Les étrangers Au 19ème siècle, Jérémie,
située à l'autre bout de la République, était une
ville pratiquement isolée. On peut donc être étonné
de découvrir qu'il existait, malgré cet isolement apparent, une
assez importante communauté étrangère domiciliée
ici.
Ainsi y rencontre-t-on de nombreux citoyens américains résidant
pour la plupart dans la région de la Grande Rivière comme les
JAMES, les KELTEN, les KERRY, les JONHSON, les ADAMS, les BOYLE, les COOPER,
les WILSON, les CALWELL, les WESS, les BRADFORD, les LEAGROVES3 ....
se mariant entre eux et venant soit de Pennsylvanie, soit de Philadelphie .
On en retrouve d'autres qui se sont unis à des haïtiennes comme
Thomas B. SMITH, William S. MC CULLOH, Joseph STOODLEY, Philippe BRIDGMAN et
qui ont même eu des activité non commerciales, tel un James Lee
IRISH « défenseur public près du tribunal du département
du Sud », ou le très connu docteur LOVELL.
Ce citoyen américain, docteur en médecine, né à
Claremont, est venu s'établir à Jérémie en 1833.
Il fut le petit-fils de Michael LOVELL, capitaine d'Infanterie dans la Guerre
de L'Indépendance des États-Unis. Tombé amoureux de Jérémie,
il y fonda à ses frais personnels une maison de santé pour la
population et s'attacha à Mlle Élisabeth GAVEAU de laquelle il
eut, croit-on, quatre enfants. Seule l'aînée, Caroline, atteindra
l'âge adulte et deviendra par la suite Mme Alexandre Demosthène
GOSTALLE. Porter Kimball LOVELL mourut malheureusement un peu trop tôt,
le 18 novembre 1845, à l'âge de 35 ans.
On note aussi d'autres étrangers comme Philippe J. BOSSÉ de Hollande,
Georges BANKS d'Écosse, Nathaniel ALLEN d'Angleterre, Thomas GASKINS
de l'Île de La Grenade.... et des citoyens français tels :
Louis Jacques Désiré MARAIS, Philippe Mélidor DESQUIRON,
Joseph et Antoine SAVONA, Moïse GOSTALLE, Arlet Antoine (Cadet) MÈGE
(de Bordeaux) et David SANSARICQ (de Bayonne).... ce petit français des
Basses-Pyrénées, corsaire selon la tradition, laissa en Haïti
une descendance pléthorique plus qu'intéressante. 4
La plupart de ces étrangers sont morts à Jérémie,
au milieu des familles qu'ils y avaient fondées. A part DESQUIRON qui fera
voile plus tard vers Port-au-Prince, puis Cuba, les autres ne retourneront plus
jamais chez eux, trop envoûtés peut-être par le sourire des
belles femmes et par les charmes d'une nature jérémienne plus qu'enchanteresse
.....
Par le jeu des alliances entre ces étrangers et les familles jérémiennes
de souche, elles-mêmes très métissées ( elles avaient
une origine française pas trop lointaine), on se retrouve au c?ur
de cette « mutation » qui donnera naissance à la très
réputée petite société mulâtre de Jérémie,
rongée, dit-on, par le préjugé de couleur, aux membres à
la solidarité exemplaire et, avec des liens de parenté à
n'en plus finir.... Négociants et commerçants Jérémie a toujours porté, jusqu'à
la moitié du 20è siècle, le qualificatif de
ville marchande. La fortune de nombre de ces grands « chabraques »
ndlr *
de la Basse-Ville s'est bâtie sur le commerce, plus précisément
l'exportation de denrées ( café surtout ). Tout notable qui se respecte
, même s'il est un fonctionnaire de l ' État, mène à
côté, des petites activités commerciales.
Pour cette période (1825-1855), on rencontre les commerçants proprement
dit, chargés de l'écoulement des produits; et les négociants
consignataires 5, qui sont leurs fournisseurs. Ceux-ci reçoivent
directement les produits des navires marchands par l'entremise du directeur de
la Douane du port ou de son commandant.... Ces activités commerciales,
juteuses pour un ROUSIER, un BLANCHET ou un GOSTALLE, n'étaient pas , (disons-le
tout bas !... ) à l'abri des fraudes et de la corruption.
PÉAN nous informe :
« le commerçant étranger arrivant en Haïti jouaient
à la roulette et dépendait du sort et du pouvoir discrétionnaire
du commandant militaire du port, pour savoir quel commerçant local serait
habilité à traiter avec lui pour acheter et vendre sa cargaison. »
Et plus bas :
MADIOU explique le cas « où deux bateaux étant à
l'horizon et se dirigeant vers un port ouvert au commerce extérieur, un
négociant s'empressait d'aller en toute hâte voir le commandant du
port pour lui offrir la moitié ou le quart de sa commission s'il acceptait
delui assigner le bateau avec la plus grande cargaison. » 6
À côté des liens de parenté, on comprend alors, à
travers les actes civils, pourquoi les commandants militaires semblent entretenir
de si bons rapports avec les commerçants et négociants consignataires.
Les signatures des uns se retrouvent au bas des actes de mariage des autres, et
les autres sont parrains ( et leurs épouses ou parentes) marraines des
enfants des uns .... :
- Honoré FÉRY , trésorier de l ' État,
témoin de la déclaration de naissance de Pierre Eugène
MARGRON o 10 sept. 1829 de François Sébastien Gaston MARGRON,
commerçant et de Euphigénie [?] MORON .
- Victorin Nolape SEGRETIER, général de Brigade et commandant
l'Arrondissement de Jérémie, parrain de Victorin BRIDGMAN
o 31 oct. 1831 de Suzanne COLIMON et de Philippe BRIDGMAN , négociant
consignataire.
- Théophile Adrien BLANCHET, négociant consignataire,
parrain de Isembert BALMIR o 1835 de François BALMIR , général
de brigade et administrateur des finances de la commune et de Pélagie
BERNARD.
- Gabriel DUQUELLA, lieutenant-colonel d'artillerie du Sud, témoin
de la déclaration de naissance de Emmanuel Baptiste Rosier DÉCOSSARD
o 29 avr. 1836 de Rosier DÉCOSSARD, directeur de la douane de Jérémie
et de Marie Françoise Clercine SAINT-CLAIR.
- Jean-Baptiste HUGON, employé à la douane et Théophile
Adrien BLANCHET négociant consignataire, témoins, et
André DUBUIS , employé à la douane de ce port,
parrain de Marie Claire MC CULLOH o 24 déc. 1836 de Marie Antoinette
GEOFFROY et de William S. MC CULLOH [étranger].
- Arthur ROUSIER, commerçant, parrain de Marie Thérèse
WOËL o 23 nov. 1845 de Woëlson WOËL, directeur de la douane
de ce port et de Antoinette PARET.
- ... Woëlson WOËL déclarant le décès de Alexandre
DUCOUDRAY 7 à 60 ans le 31 déc. 1845 [ M. DUCOUDRAY
est propriétaire de navires] .
Et on pourrait continuer ainsi, ad infinitum !
Faisons remarquer que du côté haïtien , ce
groupe de négociants et de commerçants semble ne se recruter que
dans la fraction mulâtre de la notabilité jérémienne
...
Du côté étranger, les ressortissants français sont
les plus nombreux, viennent ensuite les anglais et les américains. Du
côté français on peut citer les noms des frères Antoine
et Joseph SAVONA, Moïse GOSTALLE (représentant du gouvernement français),
GOUBEAULT et DÉJARDIN.
La maison GOUBEAULT et Cie fera de très bonnes affaires sous le gouvernement
de GEFFRARD et sera représentée et à Jérémie
et aux Cayes, de même que la maison ROUSIER.
A l'origine de la maison DÉJARDIN se trouve Jules DÉJARDIN. N'est-ce
pas lui, aidé de son associé DESÈVRES, qui fournira garde-robe,
ornements et décorations à la nouvelle cour de SOULOUQUE ? Il
est aussi à l'origine d'une famille allemande qui a, si on peut dire,
marqué notre histoire : les LÜDERS.8
Citons au passage quelques négociants consignataires et commerçants :
François Sébastien Gaston MARGRON père, Maximilien Louis
Augustin Séverin Sémexan ROUSIER père, Antoine Théophile
Adrien BLANCHET père, Louis Honoré CHASSAGNE, Numa PARET fils,
Pierre Joseph Sinéas LARAQUE, Antoine Sylvestre Léonidas LARAQUE,
Théodule Alphonse TABUTEAU, Jean-Pierre Aimé MERCERON, Hyppolite
LAFOREST...
L'essor du commerce jérémien ne sera vraiment effectif que vers
la fin du siècle, époque où la ville sera plus ouverte
qu'avant au reste de la République. D'ici là les bonnes affaires
ne manquent pas... et, les alliances entre familles de négociants-commerçants
continuent... Petit bonheur De tout petits faits qui sortent de l'ordinaire, tout ce qui
paraît inhabituel ou exceptionnel, voilà ce qui fait le petit bonheur
des chercheurs et généalogistes ! Employer le mot « joie »
, ne serait-il pas inapproprié ? Ne dirait-on pas que les généalogistes
...JUBILENT ?!?!
Quel verbe !...comme ....Jubiler !
Jubiler : pour le tout premier acte de mariage existant et disponible pour
Jérémie, son caractère apparemment exceptionnel ... :
Du 28 Avril 1825 : Au bureau du dit État civil
est comparu : Jean Pierre PAUVERT dit Robin habitant à la
Guinaudée, natif d'Affrique [sic], âgé d'environ 56
ans, agissant et stipulant pour lui et en son nom d'une part,
Et la citoyenne Marie Magdeleine PAUVERT aussi native d'Affrique[sic],
âgée d'environ 50 ans. En présence de : Charles
GINGIN juge au tribunal civil , 50 ans, et MICHEL fils 28 ans.
Ils légitiment : Gabriel , François, Coquet, et Candio
PAUVERT « issus de leur union naturelle et de leurs ?uvres
enticipés [sic] »
Et à chacun de déclarer « à haute et intelligible
voix » qu'il désire prendre pour légitime époux,
épouse........etc..
Les époux ne signent pas; ont signé : BRAS, GINGIN,
MICHEL fils, CAZEAU officier.
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Encore un autre mariage de « natifs d'Afrique » :
Du 23 juin 1825 : Paul HOUDARD habitant à
la ravine à Charles, originaire d'Afrique, 58 ans
Et Marie Françoise HOUDARD, aussi originaire d'Afrique, 60 ans.
Ils légitiment : Dieudonné PAUL 25 ans, Pauline PAUL
20 ans, Jean Baptiste PAUL 14 ans, et ils adoptent « la
citoyenne « Marie IBO , originaire d'Afrique » pour
leur propre enfant »......
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A remarquer pour cet acte que les enfants portent le prénom
du père comme patronyme.
Mais voilà LE Vrai Bijou Du Registre ! Un acte de mariage passé
en Russie et retranscrit dans l'État civil jérémien ! :
Du 4 déc. 1826 : Extrait Des registres de
mariages de la paroisse catholique de la ville de Crozstadt en Russie.
Mariage du 11 Août 1824 :
Joseph Emmanuel PLANTAIN docteur en médecine , né à
Bordeaux le 19 Août 1797, fils légitime de Jean PLANTAIN
et de Marie BONNEAU son épouse se marie à : Éléonore
VOLSK née à Varsovie en 1801, Veuve du sieur Joseph GLAGOWSKY
colonel décédé en Août 1821.... Témoins :
Pierre Jean BOZET de Rouen , Théodore GALOPIN , capitaine de navire
marchand français de Rouen , Pierre JEAN, capitaine du navire français «
Charlotte et Louise « de Calais.
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L'acte porte plusieurs notes : celle du consulat général
de France en Russie, de l'agent du consulat M. SABIN, note passée à
St Petersbourg le 13 Août 1824, signé par Louis CASAS et «
revêtu de son cachet avec les trois fleurs »....
Il y a encore un autre mais que nous n'avons pas relevé : un contrat
de mariage passé à Baltimore entre Jacques Aimé DUBOIS
et Marie Madeleine DUPEYRAT : parents du futur ministre de l'instruction
publique : François Élie DUBOIS.
Le pigeonneau
Dans les registres de naissances, peu de choses sur lesquelles s'extasier, rien
de nouveau sous le soleil ! Sauf deux lettres insérées dans les
pages mêmes des actes et nous renseignant sur plusieurs éléments....
Le premier est tout à fait intéressant , voyons :
- Églantine,
Chéri m'a remis hier, le billet que vous m'avez écrit, m'annonçant
la fièvre de Paul Émile de votre intention de le présenter
aux fonts de baptême.
Sans mon état de grande faiblesse, résultant du violent accès
de fièvre que j'ai eu hier, je serai descendu ce matin. Néanmoins
si vous pensez qu'il soit nécessaire de le baptiser aujourd'hui même,
vous pouvez vous présenter devant l'officier public, chargé
de l'état civil à qui je fais la déclaration suivante :
je déclare que l'enfant mâle qui lui sera présenté
par mademoiselle Églantine FAVARANGE, est mon enfant, né de
ma cohabitation avec la dite demoiselle Églantine FAVARANGE, sa mère.
Les témoins que je produits sont messieurs Hernest LARAQUE et ALCIDE
jeune. Le parrain est Léonidas LARAQUE et la marraine , vous la choisirez,
quoique je souhaite que ce soit mademoiselle Tourterelle.
Tout à vous,
Étienne Léo PARET
Dame, 3 Juin 1848
Comme on peut le voir ceci est la lettre que devait remettre Mlle FAVARANGE
vu l'absence du père de l'enfant pour la déclaration de naissance
; c'était ainsi, sinon l'enfant était de facto enregistré
sous le patronyme de la mère. Le père devait fournir une note
écrite ou mandater par écrit, ici, encore, quelqu'un pour déclarer
la naissance de l'enfant. Que de tracasseries !
Les occupations Bien que Jérémie soit une ville mercantile, il ne faudrait surtout
pas conclure que toute la ville se livrait au commerce !
Les militaires
On retiendra à travers les actes d'État civils
que beaucoup de jérémiens sont enrôlés dans l'armée,
plus précisément dans les 17e et 18e régiment.
On peut citer les plus connus, les haut-gradés comme : Jean-Baptiste
Philizaire LARAQUE, capitaine-commandant du poste militaire des Roseaux (Conseiller
d'État en 1845), Antoine PARET colonel, beau-frère du précédant
( Sénateur en 1838) ; et le fils du comandant LARAQUE : Philippe
Philibert LARAQUE, colonel et commandant de la place de Jérémie,
tout comme Félix LIZAIRE; Jean Hilaire CAYEMITTE général
de Division et son frère Déjon CAYEMITTE, sergent-major de la
police, chef de bataillon; François BALMIR général de division
( Conseiller d'État en 1846); Jean Charles VORBE, capitaine de la Cavalerie;
Gabriel DUQUELLA, directeur de l'arsenal, commandant d'artillerie, le colonel
Élie LARTGUE ( député) ..... Citons encore quelques uns,
de simples officiers, comme : Georges PHILIBERT officier au 18e
régiment, Léon VORBE, soldat à la gendarmerie du Sud; Maximilien
Louis Arthur ROUSIER, major d'artillerie, Guillaume BESSON, officier au 17e
régiment; Jean Michel PHILIBERT, quartier maître au 17e
régiment, Louis Joseph LATAILLADE, capitaine d'infanterie au 18e
régiment......
Les fonctionnaires
Après les militaires viennent ensuite les fonctionnaires de l'État :
Jacques Honoré FÉRY trésorier de l'État et son fils
, Athanase Alibée FÉRY, employé au trésor. Wilson
PHIPPS ( futur beau-père du Président BOISROND-CANAL ) ou Antoine
Cadet FOUCHARD : commissaires du gouvernement. Des notaires publics comme
Charles BONCY ou Thomas GASKINS. Jacques VILLEDROUIN, Étienne FOURCAND,
Benjamin CHASSAGNE, François DROUIN et son fils Dorson DROUIN, Jean-Baptiste
Alphonse TABUTEAU, Clément MARTINEAU, Jean-Baptiste LARAQUE cadet.....
ils sont tous juges au tribunal civil de Jérémie. Ensuite les
« défenseurs public », ce qui voulait dire avocat
à l'époque : François Élie DUBOIS, Sainte-Croix
LARAQUE ( fils du juge LARAQUE), Jean-Baptiste MAUCLAIR, Durin MÈGE ,
Valmé LIZAIRE
( fils du commandant Félix LIZAIRE) .
Métiers
On rencontre les métiers suivants : un orfèvre comme Cadet
FOUCHARD ou Évrard DUPOUX, un mécanicien comme Charles Alexandre
Symphor SANSARICQ ( fils du corsaire ), un bijoutier comme Antoine Ménélas
DANDRESSOL, un liquoriste comme Louis Albaret MARAIS, un cigarrier comme CHASSAGNE
fils, des menuisiers comme Gérard DÉGRAFF, Jean-Baptiste MÉTIVIER
et Gustave BRIERRE; des pasteurs ( ils sont américains ! ) comme :
William BRADFORD et Major LEAGROVES. Des arpenteurs publics comme : Antoine
LAFOREST, Jean Louis CAZEAU, Xavier DANNEL ou Georges PHILIBERT. Des médecins
( pas nombreux ) comme : Joseph MAGLOIRE, Emmanuel PLANTAIN ( français,
médecin en chef de l'Hôpital militaire de Jérémie)
ou pharmacien comme François HYPPOLITE.....
Les femmes ont aussi des occupations. Si la majorité demeure au foyer
et que celles de la campagne sont tout bonnement déclarées « agricultrices »;
certaines de la ville aident leurs compagnons dans leurs activités commerciales
ou vendent des produits au marché . On relève ainsi les noms des
marchandes publiques comme : Élisabeth Dinette MOUSSIGNAC ou Miladie
DESBARRAS et des commerçantes comme Élisabeth CAZEAU et même
consignataire comme Vve GOSTALLE née Rosella LARAQUE...
Au prochain numéro, à la Rubrique « Les Trouvailles
de Didier » nous vous publierons une Table Des Occupations
pour cette période 1825-1855.
Vivat Imperator !
.... Et la République redevint Empire....
Le 24 Avril 1852, Faustin SOULOUQUE est sacré
Empereur sous le nom de FAUSTIN 1er .
A Port-au-Prince, c'est la cour au protocole très stricte
qui donne le ton... et le bon , s'il vous plaît !... A ces dîners
fastueux , leurs Grâces les Monseigneurs n'avaient le droit de rire tout
autant que le grand Chambellan ne se fut écrié : Sa Majesté
rit. Riez messieurs !...9
Aussi Jérémie devait-elle se mettre immédiatement au pas;
s'accommoder au nouveau statut du pays et... des citoyens. A partir de cette
année de Grâce 1849, An Premier du Règne de sa Majesté
L'Empereur , il est intéressant de relever les noms de ces citoyens et
citoyennes , oh ! pardon ! , on voulait dire de leurs Grâces... , formant
la petite « noblesse » de Jérémie.
Vient en premier lieu, à tout Seigneur
tout honneur ! ,
Sa Grâce Le Monseigneur
Jean Hilaire de CAYEMITTE, Duc de La Grand'Anse, haut gradé de l'armée,
né à Jérémie vers 1794, commandant de la deuxième
Division militaire du Sud; et ses fils les barons Raphaël Hilairemont de
CAYEMITTE et Jean-Baptiste Débarin de CAYEMITTE ; ensuite... Monsieur
le baron et Mme la baronne de GAS, les barons Gilles Laurent de LESTAGE, procureur
impérial, Gérard de DÉGRAFF, représentant du peuple,
Antoine de LAFOREST, Brigadier des Armées de L 'Empire et aide-de-camp
de Sa Majesté Impériale, Barthélemy de GUILBAUD, Brutus
de RÉMY... Les Chevaliers : Alphonse de TABUTEAU, d'AZOR fils, Richmond
de ROUSIER et enfin Arthur de ROUSIER, aide-de-camp du Duc de la Grand'Anse...
Certains de ces monseigneurs, non encore tombés en disgrâce, semblent
entretenir de très bonnes relations avec leurs Majestés Impériales,
tel un Duc de la Grand'Anse donnant pour parrain et marraine à son fils
Faustin Ulther, leurs Majestés L'Empereur et l'Impératrice :
-
Acte de naissance de Faustin Ulther de CAYEMITTE o 10 déc.
1849, fils naturel du Monseigneur Jean Hilaire de CAYEMITTE et de Eucharis
GEOFFROY. Témoins : les barons Gérard de DÉGRAFF
et de GAS aîné . Parrain et marraine : FAUSTIN 1er
Empereur d'Haïti et Sa Majesté Adélina , Impératrice
D'Haïti....
Mais non ! il n'y a pas que le nobles à encenser Papa SOULOUQUE , mêmes
les « roturiers » se mettent de la partie :
Tous ces fastes, pompes, magnificences et luxe continueront
jusqu'au jour où Fabre N. GEFFRARD, ci-devant Duc de TABARRE, mettra
fin à ce beau rêve... Croix d'honneur , prérogatives, titres
de noblesse ne trouveront leur place que dans les greniers , les « chamottes »
ndlr** , au fond des vieilles malles de famille,
pour peut-être ne plus jamais en resortir.
Voilà tout ce qu'on peut tirer (et même plus encore !...) de ces
vieux registres de Jérémie, couverts de poussière et quasiment
oubliés dans les rayons des registres aux Archives Nationales... Au prochain
numéro, nous aborderons les actes eux-mêmes, nous vous publierons
les trois types d'actes : naissance, décès, mariages. Et
là, on espère dépasser le cap des deux cents..... Alors
là, vous, lecteurs d'origine jérémienne, je suis sûr
que vous ..... jubilerez !
NDLR * : « chabraques » :
potentats.
NDLR ** : « chamottes » :
(chambres hautes), chambres à l'étage.
RÉFÉRENCES
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1. Dans la section historique des Archives Nationales D'Haïti à Port-au-Prince
2. Car à part un registre de mariages de 1875-76. Il existe une lacune séquentielle qui couvre les années de 1855 à 1884
3. Bradford et Leagroves étaient des pasteurs Méthodistes.
4. Descendance qui n'a, malheureusement, pas encore fait l'objet d'une étude approfondie.
5. Dessalines établit le système de monopole des négociants consignataires par le décret du 6 Septembre 1805, voir Leslie J. R. Péan « L ' Économie politique de la Corruption, de Saint-Domingue à Haïti, 1791-1870 » Éditions Mémoires, 2000 p.142
6. voir PÉAN, idem , p.142
7. Il y avait là un lien : M. DUCOUDRAY avait épousé une LARAQUE et Joseph Woelson WOEL avait épousé lui une PARET, fille d'une LARAQUE.
8. Voir Solon MÉNOS « L ' Affaire LUDERS « . Par sa fille Clémence Eulalie DÉJARDIN, Mme Théodore LUDERS, Jules DÉJARDIN est le grand-père de Émile LUDERS.
9. in Georges CORVINGTON « Port-au-Prince au cours des ans », t.3, p.114, Éditions DESCHAMPS 1974.
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